A l'approche de la date anniversaire de ce 10 décembre, notre hommage in memoriam à l'un d'entre nous qui a su montrer le chemin en nous rappelant à notre qualité d'Hommes:
Le 10 décembre 1957, Albert Camus prononce un discours prophétique à Stockholm alors qu’il reçoit le Prix Nobel de Littérature. Cinquante-neuf ans plus tard, face aux tragédies d’aujourd’hui, ses paroles interpellent notre humanité au plus profond.
Extrait du discours:
..."Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse.!
Héritière d’une histoire corrompue où se mêlent les révolutions déchues, les techniques devenues folles, les dieux morts et les idéologies exténuées, où de médiocres pouvoirs peuvent aujourd’hui tout détruire mais ne savent plus convaincre, où l’intelligence s’est abaissée jusqu’à se faire la servante de la haine et de l’oppression, cette génération a dû, en elle-même et autour d’elle, restaurer, à partir de ses seules négations, un peu de ce qui fait la dignité de vivre et de mourir.
Devant un monde menacé de désintégration, elle sait qu’elle devrait, dans une sorte de course folle contre la montre, restaurer entre les nations une paix qui ne soit pas celle de la servitude, réconcilier à nouveau travail et culture, et refaire avec tous les hommes une arche d’alliance. Il n'est pas sûr qu'elle puisse jamais accomplir cette tâche immense mais il est sûr que partout dans le monde elle tient déjà son double pari de vérité et de liberté et à l'occasion sait mourir sans haine pour lui ; c'est elle qui mérite d'être salue et encouragée partout où elle se trouve et surtout là où elle se sacrifie, et c'est sur elle en tout cas que je voudrais reporter l'honneur que vous venez de me faire» ...
C'est le siècle dernier déjà que un Homme s'était levé pour lancer à la face du monde ces mots qui allaient s’avérer prophétiques pour notre époque !